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BRE François

François BRE est né Ploubazlanec, au voisinage immédiat de Paimpol, dans cette région où la Marine Nationale et la Marine Marchande recrutent depuis des siècles ses équipages et ses états majors et où tous les hommes sont marins.
Il débute comme mousse et gagne dès son premier voyage ses galons de Cap Hornier.
De 1896 à 1906, il fera 10 voyages du Cap Horn, sur les Bordes, dont 3 comme lieutenant.
Notre camarade abandonne la voile pour rentrer à la Cie Fraissinet où il exercera les fonctions d’officier pendant 15 années, et celles de commandant 15 autres années.
Il prend une retraite bien gagnée pour devenir sous lieutenant de port. Il fera 16 ans dans cette nouvelle carrière dont 12 comme commandant à Port de Bouc et en 1952 pense enfin à se reposer.
Pendant la guerre de 1914-1918, Bré sert au ravitaillement de l’armée navale, sur des courriers et des cargos non militaires. Le 9 avril 1917, l’ESTEREL à bord duquel il se trouve est torpillé. Notre ami est blessé.
BRE est Chevalier de la Légion d ‘Honneur, titulaire de 2 Médailles de sauvetage et de la Médaille d’Argent du Lloyd pour le sauvetage de l’équipage du JACQUES FRAISSINET en 1930.
Nous laissons la parole à son parrain dans l’ordre de la Légion d’Honneur, le Commandant Duernet :
Le 14 fevrier 1929, vous commandez le JACQUES FRAISSINET. Vous franchissez le Bosphore et pénétrez en Mer Noire : brume, neige, froid intense. Vous ne voyez pas le feu de Kuria et malgré toutes les précautions prises vous vous rapprochez dangereusement de la côte : une pointe rocheuse droit devant ! Impossible de l’éviter. Le navire échoué sur cette arête est manifestement perdu. Une partie de l’équipage peut prendre place dans 2 embarcations amenées à tribord. Ceux qui restent à bord sont dans une position critique. Il fait -20, le lieutenant tente de porter une ligne à terre à la nage ; il heurte contre les rochers, s’évanouit et coule. Le maître d’équipage subit le même sort. On réussit à ramener les 2 naufragés très mal en point. C’est là que vous allez donner la mesure de votre courage. Vous vous jetez à l’eau et malgré 2 essais successifs et une blessure à la tête, vous vous agrippez au rocher et réussissez à vous hisser au sommet, dans la neige et le froid, vos vêtements glacés. Le va-et-vient est installé. Tous vos hommes vous rejoignent, dont le lieutenant toujours inconscient. Ils sont exposés à mourir de froid. Providentiellement, un garde côte les héberge dans sa cabane. Vous faites 14 km dans la neige pour réaliser la liaison téléphonique avec l’agent du Lloyd et provoquer l’envoi de secours vers ce lieu désespérément isolé où est votre équipage. Vous apprenez à votre retour à 23 heures que les hommes des canots qui ont atterris, ne pouvant trouver de place dans la cabane trop exiguë sont repartis. Il fait 30 degrés de froid. A votre tour, vous partez à leur recherche et après avoir parcouru 46 km, vous tombez d’épuisement le 16 février à 5 heures. Le 18 février tout votre monde est rassemblé à Bourgon, sans aucun mort à déplorer. Dans ces circonstances tragiques, vous avez montré ce que peut le sentiment du devoir, servi par une inflexible volonté 
Discours prononcé à l’occasion de la remise de la Légion d’Honneur à notre ami Bré.